Présidentielle : la réponse de Mamadou Mota à l’Union Européenne

Président par Intérim du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), Mamadou Mota estime que la récente communication de l’Union Européenne sur la situation postélectorale et la présidentielle du 12 octobre 2025 porte en elle une forme de « prudence excessive et d’une dangereuse omission »

RÉPONSE CLAIRE À LA DÉCLARATION DE L’UNION EUROPÉENNE

À l’attention du Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE) et des États Membres de l’Union européenne,

L’Union européenne « prend note » des résultats, « exprime sa profonde préoccupation » face à la répression, et « déplore » les morts par arme à feu.

Nous reconnaissons que cette déclaration aborde des points cruciaux : la condamnation de la violence, l’appel à la justice, et la demande de libération des détenus arbitrairement. Ces éléments sont des piliers de l’État de droit que nous saluons.

Cependant, au vu des réalités sanglantes du terrain – plus de dix morts et la falsification avérée des résultats des urnes comme cause première de l’embrasement – ce communiqué souffre d’une prudence excessive et d’une dangereuse omission.

  1. Silence sur la Cause Profonde : La Falsification

L’Union européenne s’est construite sur la légitimité du vote et la sincérité démocratique. L’Accord de Samoa, que vous citez, promeut la « bonne gouvernance » et la « démocratie ».

Comment l’UE peut-elle appeler au dialogue et à la stabilité sans dénoncer clairement l’acte illégitime et illégal qui a déclenché la crise : la falsification des résultats ?

La fraude électorale est l’antithèse même de la démocratie. Ne pas qualifier l’acte fondamentalement illégitime du processus, c’est relativiser la cause et renvoyer dos à dos l’agresseur (celui qui truque) et l’agressé (celui qui manifeste contre le vol). Nous attendons que l’UE, gardienne des valeurs démocratiques, exprime une position claire sur la validité du processus électoral lui-même.

  1. Devoir Moral Face au Massacre

Votre déclaration « déplore la mort par arme à feu de plusieurs civils ». Face à des vies fauchées par la violence d’État, l’heure n’est plus à la simple « déploration », mais à une condamnation retentissante et à l’usage de tous les leviers diplomatiques.

Le partenariat UE-Cameroun (basé sur l’Accord de Samoa) ne doit pas être un simple prétexte pour une rhétorique lénifiante. Il doit être le socle d’une exigence : le respect de la vie humaine et l’obligation de rendre des comptes.

L’appel à « identifier les responsabilités » est nécessaire, mais il doit être accompagné d’une pression concrète et immédiate pour qu’une commission d’enquête internationale et indépendante soit mise en place sous l’égide de l’ONU ou de l’Union Africaine, et soutenue par l’UE.

  1. L’Urgence d’une Position de Principe

L’Europe a la responsabilité morale de ne pas laisser les valeurs démocratiques être vidées de leur substance pour des raisons de realpolitik. Lorsque des citoyens sont tués pour défendre leur vote, les fondements moraux de l’UE sont mis à l’épreuve.

Nous vous appelons instamment à :

Adopter une position claire et sans équivoque sur l’intégrité et la sincérité du scrutin.

Réévaluer la nature de votre partenariat tant que les auteurs de la fraude électorale et les responsables des meurtres de civils ne sont pas traduits en justice.

Faire prévaloir les principes de la démocratie sur la diplomatie du statu quo.

Votre partenariat doit encourager la démocratie, non pas la couvrir de silence lorsque l’illégitimité et le sang coulent.

 

Mamadou Mota

Citoyen camerounais

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