L’Avocat Christian Bomo Ntimbane evoque la signature d’un accord de coopération avec le Président Paul Biya et on homologue de la Guinée Equatoriale Teodoro Obiang Nguema Mbasogo sur l’exploitation pétrolière et gazière à la frontière entre le s deux pays.
Le Président guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et son homologue du Cameroun, Paul BIYA ont signé vendredi ,le 17 mars 2023,en marge du sommet de la CEMAC, qui s’est tenu à Yaoundé, un accord sur l’exploitation des puits gaziers de YOYO situé à la frontière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale et d’ETINDE dans la région du Sud-ouest , objet d’un permis d’exploitation en partage entre le Cameroun, la société russe Lukoil et une société britannique.
Cette signature de si grande importance n’a curieusement pas fait l’objet d’une attention et curiosités particulières de la presse ce lundi matin, encore moins l’objet de débats dominicaux hier.
C’est dire, sans offenser qui que ce soit que la presse et les médias camerounais sont largués.
Or ce sont les plus grandes réserves de gaz fossiles du Cameroun découvertes et certifiés à ce jour qui viennent de faire l’objet d’une gestion historique des plus calamiteuses.
Concrètement, avec cette convention, le Cameroun a décidé d’acheminer et de traiter sa plus grande réserve de gaz brut dans un hub gazier situé dans les eaux guinéennes, dénommé Punta Europa, appartenant aux américains de Chevron et à la Guinée Équatoriale.
Bref avec cette convention, Paul BIYA a choisi au détriment de son pays , que c’est la Guinée Équatoriale et les américains de Chevron qui devront profiter et tirer les plus grands bénéfices du gaz camerounais. Mais surtout les américains, actionnaire largement majoritaire du hub gazier PUNTA EUROPA aux côtés de la Guinée Équatoriale.
La Société Civile des Réconciliateurs qui suit depuis des mois l’évolution de cette scabreuse opération dont elle a dénoncé l’idée lors des négociations, comme elle l’a fait avec toutes celles relatives aux exploitations de nos ressources naturelles en cours, peut vous confirmer que cette convention est un énorme scandale comme celui du fer de la Lobe – Kribi.
Paul BIYA vient une fois de plus de compromettre sérieusement, et de fausser l’industrialisation du Cameroun et notre développement, en empêchant la création de méga unités industrielles de liquéfaction de notre gaz au Cameroun, sa transformation en produits dérivés tels que le méthanol, l’hydrogène, l’ammoniac, qui auraient pu être vendus très chers chers sur le marché mondial, extrêmement demandeur.
Tenez par exemple :
1 million de tonnes d’ ammoniac produit par an, c’est 1 million de dollars US, de recette par jour. Soit 600 millions de FCFA par jour !
Étant entendu que c’est environ 6 réserves de gaz fossiles qui sont concernés et qu’une réserve de gaz fossile, de 1 TCF ( Trillon Clubic Feet) est l’équivalent d’environ 2.787.000.000 tonnes métrique de gaz.
On peut selon des experts envisager le développement de 6 unités industrielles pétrochimiques de capacité 01 million de tonnes avec la quantité de gaz vendu à l’état brut aux américains de Chevron.
C’est donc environ 6 millions de tonnes métrique de produits dérivés du gaz qu’aurait produit le Cameroun.
Ce qui correspondrait après transformation en méthanol, ammoniac ou hydrogène , à raison de 3600 millions de FCFA de recette quotidienne , à multiplier par 360 jours pour avoir une idée du chiffre annuelle généré par ces 6 unités industrielles qui auraient pu être créées.
Soit par an, près de 13 milles milliards de francs CFA de rentrées financières, çàd deux fois le budget actuel de l’État du Cameroun sur un an d’exploitation.
Le Cameroun serait devenu un pays développé, à la fin de l’exploitation de ces champs gaziers. Des dizaines de milliers d’emplois seraient créés au Cameroun.
Aussi, une partie de ce gaz aurait permis d’alimenter en abondance le Cameroun en électricité moins cher et propre.
Ce serait définitivement la fin des pénuries d’électricité pour les industries et les ménages. Le surplus aurait même été exporté vers le Nigeria, le Tchad, Centrafrique, Rdc….
Or la vente du gaz à l’état brut ne rapporte absolument rien au Cameroun.
Car contrairement à ce qu’on pourrait penser, les prix du gaz vendu à l’état brut sont extrêmement faibles.
Même dans un pays comme la Russie qui est le deuxième producteur mondial de gaz après les États- Unis, ses recettes d’exportation en gaz naturel ne représente environ que 10% de son budget national. Loin derrière le pétrole avec près de 40%de recettes budgétaires.
La légitime question qu’on se pose dès lors , est celle de savoir, pourquoi Paul BIYA, longtemps réticent à exploiter à vil prix les ressources naturelles du Cameroun, a décidé au crépuscule de sa longue présidence de plus de 40 ans , de brader les plus importantes richesses du Cameroun aux grandes puissances? Sachant pertinemment que le prochain pouvoir ne pourrait pas tenir un bras de fer avec de telles puissances dans une volonté de remise en question de ces contrats spoliateurs ? Nous y reviendrons.
Le fer de Kribi- Lobe qui est le seul gisement de fer exploitable sans lourds investissements, (seulement 400 milliards d’investissement pour 60.000 milliards de recettes ) aux chinois , les plus grandes réserves de gaz fossiles du Cameroun de YOYO ET ETINDE aux américains, le curieux maintien du Franc CFA au profit de la France lors de ce dernier sommet de la CEMAC.
Mais, vu l’urgence et le péril, la Société Civile des RECONCILIATEURS appelle les forces vives et saines de la nation à s’opposer à toutes ces conventions minières de dernière heure du régime du renouveau.
Nous devons éviter d’être les complices de la spoliation du Cameroun sous nos yeux.
L’histoire nous condamnera. Ce qui se passe ces derniers temps est extrêmement grave.
Christian Ntimbane Bomo
Société Civile des RECONCILIATEURS.