Le Dr Fridolin Nke exhorte les Camerounais à ne pas se laisser décourager face aux injustices et à la corruption qui gangrènent leur pays. L’universitaire dépeint le pays comme une “basse-cour” sous le joug d’un régime oppressif, où la performance est remplacée par l’accumulation de privilèges au détriment de la population. Le Dr Nke appelle à une refondation des institutions et à la nécessité de leaders altruistes, capables de guider le peuple vers un avenir meilleur à travers des valeurs solides et une résilience collective.
Lire la sortie du Dr Nke :
NE VOUS DÉCOURAGEZ PAS !
NE SOMBREZ PAS !
Nous, Camerounaises et Camerounais, sommes devenus des poulets de ferme dans la basse-cour du grand Renard, Biya, où les renardeaux, tous les ministres, Directeurs généraux, députés et autres hommes en armes viennent se servir à volonté pour satisfaire leur insatiable appétit de chair fraîche, sans s’inquiéter des répercussions et des conséquences de leurs crimes économiques et de droit commun. Le récent enlèvement (et le probable assassinat) de notre compatriote, Djoubaïrou, en est une parfaite illustration. Ce jeune frère originaire de Ngaoundéré a pris sur lui de dénoncer les fraudes électorales en préparation et, pour ce faire, il a été considéré comme une grave menace contre le régime de Yaoundé et enlevé par les services de renseignement.
Nous, Camerounaises et Camerounais, sommes donc désormais comme des membres supplétifs (comme qui dirait en complément d’effectifs) d’un État sans issue, dans un pays captif, otage d’une horde de mécréants cyniques et de voleurs-jouisseurs compulsifs (s’il arrêtent de tuer et de piller les caisses de l’État, leur respiration va s’arrêter, or justement il faut les asphyxier…).
Dans notre pays, la performance a été supplantée par l’accumulation primitive. Comme d’authentiques primates, un groupuscule de satanistes tient sous son joug une écrasante majorité des Camerounais humiliés, obéissant honteusement à tous ses outranciers délires, à tous ses excès. Depuis 1982, c’est la mise à mort du tissu économique au profit de la politique politicienne, c’est-à-dire au profit du bavardage de distraction consécutif à la jouissance imméritée du pouvoir d’État et de la maladie incurable des dépenses publiques. Et le résultat, c’est le désastre : l’hémorragie des capitaux et la consommation frénétique des avantages et autres privilèges des fonctions présidentielle et gouvernementale, sans contrepartie et au détriment de la satisfaction des besoins fondamentaux des citoyens.
Pour un citoyen lucide, comment éviter de sombrer ? Pour la majorité d’entre nous, comment pouvons-nous échapper au découragement et à la torpeur qui menacent de nous envahir devant la terreur d’État et la misère ambiante ? Pour certains d’entre-nous, les plus résilients, comment allons-nous contrer la tentation de revanche qui nous envahit à la vue d’aussi abominables crimes ? Comment nous purger de l’attirance de la méchanceté à la vue des gens d’une bassesse si étanche ? Comment conjurer les velléités d’implosion sociale dans une société si surchauffée d’injustices et d’inégalités ?
Nous devons résister et produire le miracle de notre réformation affective (dans nos sentiments), cognitive (nos savoirs et connaissances), éthique (nos valeurs) et politique (notre idéologie et nos choix de société) afin de sortir de la monotonie, du diktat du désespoir qui guette, des privations qui s’amoncellent et des assassinats politiques d’aujourd’hui.
Il nous faut une Refondation des institutions républicaines et une Réforme de l’entendement générale. Il n’est pas vrai que l’Afrique n’ait pas besoin de grands hommes mais seulement des institutions fortes. L’un ne va pas sans l’autre. Il nous faut au contraire, d’abord des leaders visionnaires et altruistes qui peuvent, par leurs valeurs (l’intégrité, le sens de l’honneur, la soif de la justice, le courage m, etc.) et leur exemplarité comportementale, déteindre sur la société entière. Leur pugnacité, la constance et la sincérité de leur engagement sont les poutres indéboulonnables sur lesquelles seront bâties les cathédrales de nos espérances, de notre émancipation politique et de notre prospérité économique. Les institutions fortes sont garanties par ces énergies saines que les Grands bâtisseurs ont ensemencées et qui continuent de germer et de fleurir à travers les générations des politiciens qui leur survivent en continuant à entretenir leur flamme patriotique qu’ils portaient si fièrement en eux malgré leurs blessures et leur sang versé…
Chers compatriotes,
Sur cette terre de vanités, seul compte ce qui appartient à l’Histoire. Et l’histoire, la Grande Histoire d’un peuple est très sélective. Nul n’y entre s’il n’est véritablement en même tem ps un adulé des humains et un Sacrifié des dieux. Qui, dans notre génération, parmi les hommes en toge ou en armes, pourra relever le défi de l’ultime sacrifice ?
Fridolin Nké
Expert en Discernement