Le Dr Richard Makon soutient que le Cameroun a un lien historique profond avec la violence, tant dans son héritage que dans son expression politique actuelle. Le juriste affirme que la violence dans le domaine politique est un choix conscient, tant de la part des oppresseurs que des opprimés, exacerbée par des récits intellectuels sur ses causes et conséquences. Le Dr Makon conclut que la violence engendre toujours davantage de violence et avertit que le cycle de représailles qui s’est instauré pourrait mener à une explosion inévitable de tensions dans le pays.
Lire l’analyse de Richard Makon :
VIOLENCE POLITIQUE, VIOLENCE EN POLITIQUE ET POLITIQUE DE LA VIOLENCE
Le Cameroun a un rapport historique à la violence. L’histoire de notre pays est parsemée d’épisodes de violence, de séquences d’extrême brutalité. Nous avons souvent frôlé la catastrophe !
Le camerounais, par conséquent, a donc un rapport historique à la violence. À la lutte certainement, à la résistance aussi. Il est accoutumé à tout ce qui en découle ou qui en est connexe : l’intolérance, la rancune, la rancœur, la méchanceté, la haine.
Ces prémisses sont incontestés par les faits, passés comme actuels !
Mais la violence dans l’espace politique est toujours le résultat d’un choix, qu’il soit libre ou subi ! La violence physique en l’occurrence est un choix !
D’où qu’elle vienne, de l’oppresseur ou de l’opprimé, en action initiale délibérée ou en réaction, la violence physique est presque toujours consciente, le plus souvent elle se conçoit, se pense, se valide, se prépare et s’exécute ! La violence dans l’espace politique n’est jamais une génération spontanée, du côté des gouvernants que de celui des gouvernés !!!
De nombreux auteurs (Henri David THOREAU, John STUART MILL, Konrad LORENZ, Hannah ARENDT, Franz FANON, Philippe BRAUD, Fabien EBOUSSI BOULAGA, Jean – Marc ELA, etc.) ont pensé la violence dans le champ politique, les uns la souhaitant ou l’invitant, les autres la reprouvant ou la conjurant, certains encore se limitant à en analyser les causes et les ressorts, les effets et les conséquences, mesurant ici sa force de perforation et de transformation de la société, et là sa puissance de destruction des liens, des régimes et des systèmes.
Si à chacune des thèses défendues par les uns répondent les antithèses des autres, il demeure indéniable que (et c’est sur ce point que tous se rejoignent), la violence provoque la violence, la violence entraîne la violence et la violence accouche inéluctablement la violence, dans un mouvement continu, jusqu’à l’explosion finale !
N’étant ni juge de paix ni arbitre de conflit, nous observons le phénomène se généraliser et vivons son amplification, impuissants.
La violence qui s’est enracinée dans l’espace politique camerounais n’a malheureusement pas encore épuisé toute sa force de combustion et sa capacité de destruction. L’explosion finale se prépare, elle arrive inévitablement ! Le cycle de retorsion, de représailles et de vengeance s’est ouvert ! Soyons forts