Découverte – Est-Cameroun : Le Calvaire des « Filles de l’Or »

C’est  un infime  point d’or enfoui dans le noir en qui illumine leur rêve incertain. On les appelle ici, les « Bé Songa Or »,  ces filles qui cassent les pierres, trient et lavent sable et minerais dans les carrières des mines artisanales d’or et de cassitérite de la région de l’Est. La faiblesse de leurs muscles et de leurs poches, fait la force de leur rêve d’un avenir radieux caressé pour leurs enfants.

Depuis toujours, le travail dans le secteur minier est dominé par les hommes. Creuser, casser les pierres, trier ou laver la matière première, c’est propre à la force masculine. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, la femme est à la conquête de tout.

Madeleine est l’une de ces femmes décidées à travailler dans les mines artisanales de l’Est Cameroun. Elle vit dans la localité de Ndokayo. Elle fait partie des « bé Songa or »  veut dire « les filles de l’or ». Ce sont des filles qui cassent les pierres, trient et lavent sable et minerais dans les carrières des mines artisanales d’or et de cassitérite de la région de l’Est. D’aucuns diraient que son histoire est triste, que son enfance lui a été volée. Mais c’est bien cela sa vie et sa force depuis son enfance. « J’avais 5 ans quand ma mère m’amenait avec elle vendre à manger dans des carrières minières. A mes 13 ans, je me suis mariée et j’ai continué à faire ce travail », explique Madeleine.

« Obliger de voler pour bien nouer les deux bouts »

Depuis quelques années, Madeleine est une fillette leader parmi ses paires, fière de vivre de ses efforts personnels. Pourtant, elle reconnaît sa peine et se dit délaissée pas la commune de Betaré-Oya qui n’appuie pas les initiatives économiques dans ce sens. A l’écouter, on devine vite qu’elle parle de l’exploitation de la femme par l’homme.

« Je gagne 1200 francs pour 25kg de sable transportés. Même si je les transporte 10 fois, je ne sais pas nourrir ma famille. Mes enfants ne peuvent aller à l’école. Pendant ce temps, sur mon corps j’encaisse des chocs difficiles à soigner », se plaint Madeleine.

Il a fallu une coopérative pour un début d’accompagnement, mais à la campagne, le travail est rude. Car, ajoute-t-elle, « les patrons ne sont pas sensibles malgré les efforts de la coopérative. Nous sommes souvent poussées à voler pour bien nouer les deux bouts. »

La fille de l’Est-Cameroun aurait-elle plus de chances ?

La paysanne de l’Est est une femme pauvre, sans salaire, et parfois exploitée là où elle aurait dû avoir la chance d’être bien payée après les services rendus. Elle doit se débrouiller entre plusieurs petites tâches pour nourrir ses nombreux enfants. Mais grâce à de nombreuses sensibilisations des organismes de la société civile, plusieurs femmes se réveillent. C’est le cas de Gari Kombo où les mines sont ouvertes aussi aux femmes plus qu’à leurs semblables.

« Chez nous, explique Madeleine, la femme n’a aucune restriction à accéder aux carrières minières. Nous sommes de plus en plus nombreuses. Mais personne ne veut financer nos actions pour améliorer nos conditions. Paradoxalement, s’étonne-t-elle,  j’apprends que la femme de Gari Kombo n’a pas accès à la carrière. C’est injuste », déplore-t-elle.

La femme ne devrait pas…

Ailleurs, toujours dans la région de l’Est des femmes sont au champ. Un travail où elles ne sont certes pas exposées aux dangers des mines, mais où la situation n’est guère enviable. Cultiver, c’est parfois plus dur pour les plus pauvres. Puisqu’il faut attendre de longs mois pour manger la récolte, qui parfois, même sans aucune garantie d’atteindre la prochaine saison agricole.

Il est à souligner que lorsque la femme prouve qu’elle peut tout essayer, comme les hommes, elle ne devrait pas subir le mépris. Quand elle fournit des efforts, jusqu’à travailler dans des conditions plus rudes, elle devrait être encouragée.

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