Nombreux sont les Camerounais qui méconnaissent l’histoire d’Ernest Ouandié, un nationaliste dévoué qui a sacrifié sa vie pour la lutte en faveur de l’indépendance du Cameroun. Bien que son nom figure sur la liste des héros nationaux depuis le 16 janvier 1991, son histoire n’est pas enseignée dans les écoles et universités du pays, et aucun monument ne lui rend hommage à travers le territoire camerounais. Comment se fait-il que les Camerounais, jeunes et moins jeunes, puissent citer des personnalités étrangères et ignorent presque tout des figures locales comme Ouandié, Martin Singap, ou Ruben Um Nyobè ? Est-ce une forme de honte envers leurs propres héros ?
Ernest Ouandié, surnommé camarade Emile, est né à Bangou en 1924. Après avoir obtenu son diplôme de moniteur indigène en 1943 à l’École Supérieure de Yaoundé, il s’engage activement dans la lutte pour les droits des travailleurs en tant que militant de l’Union des Syndicats Confédérés du Cameroun (USCC). Son implication dans le syndicalisme le conduit à rejoindre l’Union des Populations du Cameroun (UPC), où il devient Vice-président lors du Congrès d’Eséka en 1952.
En 1961, après des années d’exil et la dissolution de l’UPC, Ouandié retourne au Cameroun pour relancer la lutte armée. Il fonde le Comité révolutionnaire et l’Armée de Libération Nationale du Kamerun (ALNK) en 1962. Malgré ses efforts pour négocier une réconciliation, l’administration d’Ahmadou Ahidjo ne cède pas. En août 1970, Ouandié se rend et est condamné à mort lors d’un procès considéré comme une parodie de justice. Il est fusillé le 15 janvier 1971.
Sa bravoure, alors qu’il refuse de se faire bander les yeux face à l’exécution, en fait un symbole de défi. Ernest Ouandié croyait fermement que le sang versé des patriotes était la semence du nationalisme camerounais. Son exécution était censée marquer la fin de l’UPC, mais au contraire, elle a enraciné encore plus profondément la graine de la résistance dans le cœur du peuple.
Le 27 juin 1991, Ouandié est enfin proclamé héros national, et il est réhabilité le 16 décembre 1991. Son héritage de résistance, de nationalisme et de sacrifice reste une source d’inspiration pour la jeunesse camerounaise. Vivement que son histoire soit enseignée et célébrée pour que les générations futures se souviennent de ce héros méconnu, symbole de la lutte pour la liberté et la dignité.