Prospère Ndzana : le brancardier qui rêvait de devenir footballeur

Celui qu’on appelle affectueusement « le valeureux brancardier » et qui a été désigné “meilleur brancardier” de l’hôpital Laquintinie en 2024, fait partie de ces « petites mains » essentielles à la bonne prise en charge des patients.
Sa nuit n’a pas été de tout repos. Occupé à transporter les patients qui se succèdent aux Urgences de l’hôpital Laquintinie de Douala, Prospère Ndzana Manga a eu une garde laborieuse. Parmi les patients arrivés aux Urgences cette nuit du 21 au 22 janvier 2025, cinq (5) présentaient des fractures à la jambe suite à des accidents de la voie publique, deux (2) blessés de suite de bagarre, plusieurs autres blessés à la tête de suite d’accidents de la voie publique et divers autres malades. Et lorsque nous le rencontrons dans la matinée du mercredi 22 janvier 2025, aux environs de 8h30, celui qu’on appelle affectueusement «le valeureux brancardier», est encore de service. «J’ai terminé ma garde et je vais rentrer à la maison entre 9h30 et 10h. Et en attendant, je donne un coup de main à mes collègues qui travaillent en journée. Je vais ensuite rentrer à la maison, prendre mon bain, manger, dormir. Le soir, je vais répéter les enfants, contrôler leurs cahiers et fournitures scolaires, les aider à faire leurs devoirs… », liste-t-il.
Professionnalisme
Après sa journée de repos, ce père de famille reprendra le travail jeudi, de bonne heure. Il devra alors être-là au plus tard à 6h40. Son programme ? «Prière avec tous les brancardiers, pour remettre notre journée au Seigneur, qu’il les protège et veille sur eux pendant leur travail », fait-il savoir. Ensuite, séance d’autocritique sur le travail fait la veille, suivie de quelques conseils. Ce n’est qu’après cela qu’il démarre son service.
Quand il bosse, Prospère met un accent particulier sur l’accueil du patient. Un travail qu’il exerce pendant presque 14 ans, et qui l’a fait être en contact avec tous types de malades, et même des personnes déjà décédées, dont certains l’ont profondément marqué. «Je me rappelle d’un monsieur emmené dans un sac. Le train l’avait écrasé. C’est moi qui étais-là ce jour. Lorsque j’ai ouvert le sac, j’ai eu peur. J’ai fait un bond en arrière. Puis, je me suis ressaisi, avant de revenir. Le médecin a juste eu le temps de constater le décès», se souvient-il avant d’ajouter. «Mais, tout cela ne me cause pas d’insomnies. C’est parce que j’estime qu’en toute chose, je prends soin de ces personnes. Je pense que je fais ce qu’ils auraient aimé qu’on fasse pour eux, et je le fais bien », pense-t-il
Le BAC comme une barrière
Ce quotidien, Prospère Ndzana Manga n’en avait pas rêvé. Tout petit, cet originaire du village Kolébouma, dans le Département de la Lékié, Région de l’Est, né à Douala, a toujours été un passionné du football. Ce sport est alors son passe-temps favori, lorsqu’il est élève à l’école primaire laïque l’Avenir au quartier Oyack, dans l’Arrondissement des Douala 3. Une passion encore plus grandissante pendant son parcours au lycée d’Oyack, où il obtient son Brevet d’Études Premier cycle (Bepc) et au lycée Joss, où il s’inscrit en classe de Seconde. Il y obtient son Probatoire C, avant d’échouer à deux reprises au Baccalauréat.
Rêve brisé de footballeur
Prospère est contraint de mettre un terme à ses études pour deux raisons principales. «La première, mon père n’avait plus les moyens de payer l’école. Et l’autre raison, était relative à ma passion pour le football », explique-t-il. Depuis la classe de 5ème, au lycée d’Oyack, le jeune homme était un joueur de l’équipe “Jumeaux football club”, avec qui, il évoluait en Ligue départementale du Wouri. Pendant environ 4 ans, il a défendu les couleurs de cette équipe, avant d’être recruté par “Jupiter Football club”, une équipe qui évoluait en deuxième division du championnat local.
«Je jouais à la ligue et au lycée. Mais, quand les deux clubs avaient matchs le même jour, je choisissais la ligue, parce que cela me donnait un peu d’argent », informe-t-il. Les jeunes adolescents qu’ils étaient, ne recevaient que de modiques motivations au terme des matchs. Elles variaient entre 2000 et 3000 Fcfa par match.
Mais, l’aventure avec le football s’arrête brusquement quelques années après avoir quitté l’école. «Au cours d’un match, alors que je crochète le ballon, il y a eu un choc avec un joueur de l’équipe adverse au niveau du genoux. S’en est suivie une fracture. J’ai été abandonné par l’équipe à la charge de mes parents. J’ai reçu l’aide d’un masseur qui a réussi à me remettre sur pieds. Mais, je ne pouvais plus jouer au football. Et jusqu’à présent, par moment, je reçois un léger mal sur ce genoux-là », explique-t-il.
Meilleur brancardier
Après le foot, un ami le met en contact avec un de ses grand-frères qui dirige une entreprise de cacao et café. Prospère réussit à l’essai et y est recruté. Lorsqu’il rejoint l’effectif de l’hopital Laquintinie en 2011 comme Brancardier, il est toujours sous contrat avec l’entreprise de cacao et café. Mais, plus pour longtemps. Le brancardier qu’il est devenu travaille avec sérieux, courtoisie et abnégation. Sa ponctualité et son professionnalisme sont également remarqués par l’administration, qui le désigne meilleur brancardier de l’année 2024.
Prospère Ndzana Manga aime son travail. Et quand il n’y est pas, il accorde du temps à sa famille et ses amis. Le dimanche, son programme est bien connu. Ce père de famille va à l’église à 6h30, puis, s’en va jouer au football avec ses amis. Dans l’après-midi, il assiste à des réunions et accorde aussi beaucoup de temps à son repos. Un sommeil qui lui permet d’avoir assez d’énergie et de force, pour pouvoir reprendre le travail

 

Cecom Hôpital Laquintinie

Partager l'article:
Étiquettes:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Suite aux déclarations de Lady Ponce sur Canal 2, au sujet de son mariage qu’elle qualifie de “plus grosse erreur de sa vie”, son ex-époux,

L’influenceur Steve Fah exprime son opposition catégorique au MRC et à Maurice Kamto pour 2025, suite à une agression violente qu’il attribue aux militants du

L’entrepreneur Thierry Nyamen raconte comment il a attendu près de 7 ans pour enfin rencontrer son idole, Samuel Eto’o, président de la FECAFOOT. Extrait :

Les relations entre les États-Unis et la Russie semblent prendre un nouveau tournant, au moins sur le plan diplomatique. Mercredi 12 février, les chefs d’État

Le rapport sur le décès des triplés remis au Ministre de la Santé publique. L’Ordre National des Médecins du Cameroun (ONMC) a transmis au Ministre

5 personnes sont mortes dans un accident de la circulation impliquant deux camions poids lourds et un taxi. Le drame s’est produit dans la soirée