Alexandre Siewe :La Crtv m’a offert un cadeau en ne m’embauchant pas.

Alexandre Siewe, ancien collaborateur externe de la Crtv, célèbre la nomination de Master Ivo à la tête de Crtv FM 94. L’ancien boss d’ABK Radio évoque avec fierté sa passion, malgré les humiliations et le mépris dont lui et ses collègues bénévoles ont été victimes. Aujourd’hui directeur de développement chez Hémisphère Media Production Africa, Alexandre Siewe considère que son non-recrutement à la Crtv a été en fin de compte son meilleur cadeau.

Lire sa sortie :

«Le jour où le feu sacré a vacillé (et où j’ai compris que je n’étais pas « de la maison »)

Ce vendredi 4 avril, alors que mon ami et ancien collègue Alain Dexter sabrait le champagne pour célébrer la nomination de Master Ivo à la tête de Crtv FM 94 — la toute première radio FM de Yaoundé — j’ai souri. Un sourire sincère, fier… et un peu ironique. Un flot d’images a déferlé dans ma mémoire.

Joie sincère, bien sûr. Fierté, aussi. Car dans le « mindset crtvien », tendance de Yaoundé, un animateur n’est bon qu’à animer. Pas à diriger. Et pourtant, ce soir-là, un animateur génial devenait patron. Ce soir-là, un mythe tombait à Yaoundé FM 94. Des années après Douala.

Et moi, en voyant ces éclats de rire et bulles de champagne, j’ai vu défiler les vestiges d’un feu sacré que j’ai failli laisser s’éteindre. À l’époque, nous étions jeunes, affamés d’antenne et de reconnaissance.

Animateurs bénévoles à FM 94, passionnés jusqu’au bout des ondes, mais tolérés comme des chiens dans un couloir moquetté. Nous étions jeunes, habités par la passion de la radio. Faustin, Constant, Ambroise, Aretha… Thierry… Leonard… Bénévoles à FM 94, nous faisions vibrer les ondes avec l’insouciance de ceux qui n’ont rien à perdre — et tout à donner. Mais ce statut de « collaborateurs extérieurs » nous exposait aux brimades, aux humiliations ordinaires et aux regards suspicieux. Des tolérés provisoires…

On nous laissait parler à l’antenne, mais pas dans les couloirs. Et surtout pas dans les réunions. Sans badges, sans droits, sans voix dans les couloirs — sauf au micro, où nous éclipsions les anciens. Et c’est bien ça qui dérangeait.

Un jour, un animateur “officiel” perd son CD. Drame. À l’époque, posséder un CD, c’était presque une ligne sur un CV. Posséder un CD, ça faisait de vous quelqu’un. Résultat ? Nos noms affichés à la guérite, soupçonnés d’un vol que même l’inspecteur Derrick aurait élucidé en une scène. Le fameux CD ? Il avait simplement glissé sous un meuble poussiéreux. Mais la sentence était déjà prononcée : un mois sans antenne. Un mois de punition collective, pour éteindre nos voix et redonner de l’écho aux animateurs “maison” désertés par les auditeurs. Ah, la gestion stratégique made in CRTV…

Mais ce n’est pas ce souvenir qui m’a traversé en pensant à Master Ivo. Non. Ce que j’ai revécu, c’est ce jour où je suis monté à “Mballa 2”, siège de la CRTV, le cœur battant, le regard fier. J’avais un chèque en main.

Pas pour moi. Pour mon émission. Un annonceur – mentor de surcroît – croyait en mon projet. Il voulait le sponsoriser. Merci Georges Dooh Collins !

Une émission écrite, testée, portée à bout de bras. La directrice de la régie commerciale m’a reçu… cinq minutes. Elle a regardé le chèque, puis m’a regardé moi. Et elle m’a dit cette phrase que je n’oublierai jamais : « Il nous faut quelqu’un de la maison. »

J’ai retendu le chèque, mettant en évidence le montant. On m’a tendu le mépris.  » Il nous faut quelqu’un de la maison.  » Autrement dit : « Ton talent, c’est sympa. Mais il nous faudrait un vrai membre du clan pour y croire. »

Je suis sorti. J’ai traversé Yaoundé à pied, du siège de la télévision nationale aux studios de la radio. Pas de taxi, pas de badge. Pas de place. Mais beaucoup de doutes. […] »

NB : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale d’Actu Cameroun.

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