Le 30 novembre 1989, Ahmadou Ahidjo, premier président de la République du Cameroun, décédait à Dakar, au Sénégal, suite à une crise cardiaque. Sa disparition soudaine a été accueillie par le silence et l’indifférence des autorités camerounaises.
Cependant, dans la dignité et entouré de sa famille et de quelques rares amis, dont Emile Derlin Zinzou, ancien président du Dahomey (actuel Bénin), les obsèques d’Ahmadou Ahidjo ont été marquées par une oraison funèbre émouvante. Emile Derlin Zinzou a souligné la passion d’Ahmadou Ahidjo pour le Cameroun et a affirmé que son héritage en tant que bâtisseur et père du Cameroun moderne restera gravé dans l’Histoire.
Depuis sa mort, la dépouille d’Ahmadou Ahidjo est restée à Dakar, suscitant des discussions sur son rapatriement au Cameroun. Le président camerounais, Paul Biya, a évoqué cette question lors d’une interview avec France 24, expliquant que la dépouille d’Ahmadou Ahidjo était un problème familial et qu’il appartenait au peuple camerounais en tant qu’ancien chef d’État.
Germaine Habiba Ahidjo, la veuve d’Ahmadou Ahidjo, a également abordé cette question dans une interview accordée à Jeune Afrique Economie en 1993. Elle a rappelé qu’Ahmadou Ahidjo était un chef d’État et qu’il appartenait non seulement à sa famille, mais aussi au peuple camerounais. Elle a souligné qu’il avait été enterré à Dakar par le président du Sénégal de l’époque, Abdou Diouf. Elle a ajouté que si un jour son mari devait être rapatrié au Cameroun, cela devrait se faire dans le respect des rites de leur religion.
En juin dernier, des journaux camerounais ont annoncé que la dépouille d’Ahmadou Ahidjo serait rapatriée au Cameroun en mars 2010. Cette décision aurait été prise d’un commun accord entre les autorités sénégalaises et camerounaises. Les détails de ce transfert ont été discutés entre Martin Belinga, conseiller spécial du Président Paul Biya, et le président sénégalais, Abdoulaye Wade, lors d’une visite au Sénégal.
Ahmadou Ahidjo, né en 1924, était d’origine peule et a joué un rôle clé dans l’histoire du Cameroun. Après avoir accédé au pouvoir en tant que premier président du Cameroun indépendant en 1960, il a travaillé à l’unité nationale et à la modernisation du pays. En 1982, il a renoncé au pouvoir et a passé le flambeau à Paul Biya. Cependant, des tensions politiques ont éclaté, conduisant à l’exil d’Ahmadou Ahidjo et à sa condamnation à mort par contumace en 1984.
Au-delà du rapatriement de sa dépouille, la question de la reconnaissance d’Ahmadou Ahidjo et d’autres figures historiques au Cameroun reste d’actualité. Le gouvernement camerounais pourrait-il engager une phase significative de reconnaissance de ces personnalités dans le cadre du processus de démocratisation en cours ? La veuve d’Ahmadou Ahidjo et les Camerounais attendent avec impatience le dernier mot du successeur politique d’Ahmadou Ahidjo, le président Paul Biya.
En attendant, Ahmadou Ahidjo reste une figure emblématique de l’histoire du Cameroun, dont l’héritage se fait toujours sentir.
