Au moyen de fausses cartes d’identité mises à disposition par le chef de réseau, ils touchaient des salaires indus.
L’affaire Ministère public et Etat du Cameroun (Minfi) contre Eba Ndjana Natham et autres, après trois années de procédure, vient de connaître son dénouement. Le tribunal, hautement composé, et présidé par le Président Lagmago, en premier et dernier ressort, à l’unanimité des juges, a condamné les accusés ci-après nommés à des peines privatives. Il s’agit d’Eba Ndjana Nathan, conseiller de jeunesse et d’animation au ministère de la Jeunesse et de l’éducation civique (Minjec), cerveau de l’affaire. Il écope de 15 ans de prison ferme. Son chef de réseau, Ambollé Simon Pierre, en service à la Trésorerie générale de Yaoundé, est condamné à 13 ans de prison ferme. Il était chargé d’établir de fausses cartes d’identité à leurs complices.
Le tribunal a en outre condamné les nommés Idili Onam Thomas, Seleck Claudine Chanase et Moualé Elisabeth respectivement à 13 ans, 11 et 10 ans d’emprisonnement ferme. Un mandat d’incarcération leur a été décerné à l’audience pour l’exécution de leur peine. Le tribunal a ordonné l’application des déchéances de l’article 30 du Code pénal à leur encontre. Ils doivent restituer à l’Etat du Cameroun, chacun en ce qui le concerne, le montant détourné, soit un montant global de73 millions de francs. Les condamnés avaient 48h à compter du présent jugement, pour former pourvoi en cassation devant la Cour Suprême (Cf. article 472 du Code de procédure pénale). Le présent arrêt sera publié par le quotidien Cameroon Tribune à la diligence du Ministère public (l’accusation), aux frais des condamnés.
Par ordonnance du 23 avril 2019 du Juge d’instruction du Tribunal criminel spécial (Tcs), les nommés Eba Ndjana Nathan et autres ont été présentés aux juges du tribunal de céans à l’effet d’être jugés pour détournement de biens publics et complicité. Crime prévu et réprimé par les articles 74, 97 et 184 (al. 1a) du Code pénal. Les faits sont assez simples. L’accusé Ambolé Simon Pierre, recruté au Minfi en 2011, était à l’époque des faits, 2013-2017, en service à la Trésorerie générale de Yaoundé (service des dépenses). Son rôle dans le réseau était d’établir de fausses cartes d’identité à certaines relations biens ciblées. Cette première étape franchie, intervenait Eba Ndjana, le cerveau du réseau. Cadre au Minjec au moment des faits, il avait accès facile au site SIGIPES de cette entité publique. Munis de vrais-faux documents authentiques, les nommés Idili, Seleck et Moualé ont touché frauduleusement des salaires indus en lieu et place de véritables bénéficiaires de bons de caisse. Eba Ndjana et Ambolé empochaient pour leur rétribution le gros pactole, le menu fretin revenait à leurs trois complices.
Aucun crime n’étant parfait, le manège a été découvert par deux victimes, enseignants de leur état. Les intéressés vont saisir le service compétent du Minfi. Par la suite, le corps spécialisé des Opj du Tcs sera alerté. Au cours de l’enquête préliminaire, les accusés ont avoué les faits et chacun y est allé de sa ‘’petite’’ histoire. Tous les condamnés ont été placés sous mandat de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé/Kondengui depuis le 11 décembre 2017.
Source : La Nouvelle Expression