Comment le régime a tenu à éradiquer le MRC en 2020 ?

En 2020, le MRC n’a pas boycotté les élections par faiblesse, mais par nécessité. Derrière l’illusion d’un scrutin ouvert, le régime avait mis en place un piège redoutable : empêcher les vrais candidats du parti de se présenter et favoriser les infiltrés. Si le MRC avait participé, seuls des élus contrôlés par le pouvoir auraient émergé, ouvrant la voie à une contestation interne orchestrée pour en finir avec Kamto et son bureau.

Le piège était redoutable : une fois en place, ces élus opportunistes auraient été utilisés pour contester la légitimité du leadership du MRC, avec l’appui du ministre dit Moulinex et d’une justice aux ordres. Ceux qui espéraient tirer profit de cette manipulation se sont révélés plus tard : certains ont démissionné, d’autres ont fondu en larmes lorsqu’ils ont réalisé que le parti avait échappé au plan orchestré.

En refusant de jouer le jeu du régime, le MRC a sauvé son existence… et son leader. C’est en tout cas le résumé de ce que pense Sadeuh Arsenne , analyste politique.

Le MRC existe encore uniquement parce qu’il a boycotté le scrutin de 2020.

Ce fut une décision difficile, mais impérative.

Mon point de vue est le suivant :

  1. Le régime en place a jeté Maurice Kamto et de nombreux fidèles lieutenants du MRC en prison. Il était prévu de les condamner lourdement, malgré l’absence de motifs sérieux, afin de les rendre inéligibles. C’était le plan A, et il était en marche.
  2. Face à une forte pression interne et surtout externe, le régime a opté pour un plan B, extrêmement vicieux, pour éliminer Kamto et le MRC politiquement. Ainsi, le président a fait libérer tous les prisonniers, afin d’améliorer son image à l’extérieur, mais le plan B était déjà enclenché.
  3. À l’approche des élections de 2020, le président convoque le corps électoral. Le MRC est prêt à participer, mais ses candidats les plus engagés sont confrontés à une adversité terrible pour constituer leurs dossiers. Rappelez-vous :

Des candidats du MRC emprisonnés simplement pour avoir insisté auprès des sous-préfectures.

Des sous-préfets fuyant leur bureau pour ne pas recevoir les dossiers du MRC.

Des préfets et chefs de quartier refusant de fournir les certificats nécessaires.

En revanche, les candidats sans conviction ou infiltrés obtenaient sans difficulté leurs documents signés par les autorités. Et si certains militants déterminés parvenaient à déposer leur candidature, le régime pouvait toujours compter sur Elecam, le Conseil électoral ou le Conseil constitutionnel pour les éliminer.

Résultat : seuls des candidats opportunistes ou infiltrés auraient pu être élus aux municipales et à l’Assemblée nationale. Cela aurait signé la fin de Kamto et du MRC.

  1. Avec des élus contrôlés par le régime, il aurait suffi d’un prétexte pour contester la légitimité de Kamto et de son bureau, sous prétexte que ce sont les élus qui représentent véritablement le parti. Le dernier congrès du MRC aurait alors été le point d’orgue du plan.

Même si juridiquement cela ne tenait pas la route, le ministre dit Moulinex et une justice aux ordres auraient été mobilisés pour trancher en faveur des contestataires. Nous aurions alors assisté au même scénario que pour l’UPC, le CPP ou encore le PCRN actuellement. Ce serait la fin du MRC, car jamais l’État ne trancherait en sa faveur.

  1. À la dernière minute, le MRC a pris la seule décision qui pouvait sauver le parti, et même le Cameroun : ne pas se présenter aux élections.

Ce choix stratégique a permis d’échapper au piège tendu par le régime. C’est pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, le pouvoir en parle encore avec colère : ils ont libéré Kamto… pour rien  et surtout il est candidat!»

Sadeuh Arsenne

 

Afrik-Inform

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