Dans une déclaration rendue publique ce 27 octobre, Maurice Kamto, le leader du MRC , « condamne avec la dernière énergie ces actes odieux, barbares et inacceptables perpétrés par des personnes inhumaines, contre des écoliers sans défense ».
L’opposant, à cet effet, « demandel’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur ces atrocités, suivie des poursuites judiciaires et des condamnations à des peines lourdes contre leurs auteurs ».
L’homme politique appelle par aileurs tous les Camerounais, sans considération de chapelles politiques ou religieuses, à faire ensemble de la journée du Jeudi, 29 octobre 2020, une journée de DEUIL NATIONAL
Voici la déclaration publiée par Maurice Kamto
Mes chers compatriotes,
Le 24 Octobre 2020, le complexe scolaire privé MOTHER FRANCISCA INTERNATIONAL BILINGUAL ACADEMY MOFRIBA, situé en pleine ville de KUMBA, a fait l’objet d’une attaque par un groupe de personnes armées et non identifiées à ce jour. Selon les derniers chiffres, ladite attaque s’est soldée par un bilan très lourd, à savoir : 7 morts (6 filles et 1 garçon) sauvagement assassinés, ainsi que 12 blessés (9 filles et 3 garçons). Les informations relayées à la suite de cette tragédie font état de ce que la mère de quatre des enfants assassinés aurait rendu l’âme après avoir été informée de cette tragédie.
Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun tient à présenter ses condoléances les plus attristées et l’expression de sa sympathie émue aux familles des victimes, en même temps que ses souhaits de prompt rétablissement aux blessés.
En outre, le MRC : – condamne avec la dernière énergie ces actes odieux, barbares et inacceptables perpétrés par des personnes inhumaines, contre des écoliers sans défense ; – demande l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur ces atrocités, suivie des poursuites judiciaires et des condamnations à des peines lourdes contre leurs auteurs. Le MRC constate, pour le déplorer, l’attitude du régime qui continue de privilégier l’option militaire pour le règlement de la crise anglophone, alors que celle-ci a montré toutes ses limites. De fait, depuis environ trois ans que dure cette guerre absurde et inutile, le gouvernement n’est pas venu à bout des groupes armés à travers l’option militaire et ne parvient toujours pas à assurer la sécurité des personnes et des biens dans les régions du Nord-Ouest et du Sus-Ouest (NOSO). Autant il est inadmissible que ce gouvernement ait encouragé les parents à envoyer leurs enfants à l’école dans cette zone de guerre sans avoir pris au préalable les mesures sécuritaires qui s’imposent, autant il est immoral et choquant pour ce même gouvernement de refuser d’assumer ses responsabilités.
En effet, le Ministre de la Communication avance le fallacieux prétexte selon lequel « le complexe scolaire privé MOTHER FRANCISCA INTERNATIONAL BILINGUAL ACADEMY n’a lancé ses activités qu’en ce début d’année scolaire 2020/2021, à l’insu des autorités administratives compétentes, et n’a pu bénéficier des mêmes mesures de protection que d’autres établissements scolaires du département de la MEME ». Or, la plaque publicitaire de cet établissement, qui, du reste, est situé en plein cœur de la ville de Kumba, prouve à souhait qu’il est bien plus ancien . Au demeurant, tout gouvernement n’a- t-il pas l’obligation de protéger ses citoyens, et à fortiori des enfants, en toute circonstance ? Aussi le MRC, tout en désapprouvant la banalisation de la violence dans la crise anglophone, réitère-t-il, une fois de plus, les mesures d’urgence suivantes :
1) Un cessez le feu immédiat accepté tant par le gouvernement que les groupes séparatistes armés.
2) La mise sur pied d’une commission d’enquête internationale indépendante pour faire toute la lumière sur tous les crimes commis au NOSO depuis le déclenchement de la crise anglophone, à commencer par la tragédie de KUMBA.
3) L’ouverture d’un véritable dialogue inclusif avec la facilitation des partenaires internationaux.
4) La libération de toutes les personnes arrêtées dans le cadre de la crise anglophone. La mise sur pied de ces mesures est d’autant plus urgente qu’aucune armée ne peut l’emporter dans une guerre civile asymétrique sans décimer la population civile innocente, et donc sans commettre des atrocités que ne peut se permettre aucun gouvernement responsable.
Il est impossible pour le gouvernement de mettre un policier ou un gendarme derrière chaque personne vivant dans le NOSO. Comme je n’ai cessé de dire, une guerre menée par un gouvernement contre sa propre population est l’expression la plus patente de l’échec de la politique. Elle devient un crime parmi les plus graves, choquant profondément la conscience humaine, lorsqu’elle est faite alors qu’on peut l’éviter. Maintenant que les va-t-en-guerre l’ont expérimentée et en savent désormais non seulement le prix élevé, mais également qu’elle est sans issue, j’ai bon espoir que chacun comprendra qu’il faut donner enfin une chance à un vrai dialogue entre les enfants de ce pays.
Ce qui s’est passé à Kumba, après Ngarbuh, Zeleved par Moskota, Pinyi, Muyuka et d’autres localités encore, ne doit plus jamais – au grand JAMAIS – se reproduire.
Aussi, devant l’émotion qui étreint tout notre peuple et afin de graver la tragédie de Kumba ainsi que celles qui l’ont précédées dans la mémoire collective de notre Nation, j’appelle tous les Camerounais, sans considération de chapelles politiques ou religieuses, à faire ensemble de la journée du JEUDI, 29 octobre 2020, une journée de DEUIL NATIONAL. Je prie chacun de nous de s’habiller en NOIR ce jour-là et d’exprimer PAR LE MOYEN PACIFIQUE qu’il aura choisi sa douleur, sa solidarité avec les familles des disparus et son appel à la cessation immédiate de la guerre fratricide dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Que la paix soit sur le Cameroun ! Fait à Yaoundé, le 26 Octobre 2020 Le Président